Égoïstement, j’avais toujours pensé être promis à un avenir radieux. Habité par le sentiment de n’avoir qu’à tendre le bras et attraper tout ce que la vie avait à offrir de positif, je voyais le bonheur comme le produit d’un distributeur automatique disponible à toute heure de la journée. Ce n’est pas que j’en abusais, mais c’était agréable de savoir qu’il était là en cas de besoin.
Au chômage depuis près de quatre mois et trente courriels de rejet plus tard, le vernis de mon optimisme naïf commence à s’effriter. Le distributeur de bonheur n’était qu’une illusion créée par mon ego démesuré pour se protéger du monde extérieur. Car au point pivot des trente ans d’existence, je me rends compte que mes grandes espérances commencent foutrement à sentir le roussi. Ma carrière d’écrivain n’a jamais décollée. Pour cela il aurait fallu écrire… Mon projet de lancer un café-librairie n’a pas abouti. Il aurait fallu trouver un local…
Loin de moi l’idée de me dédouaner mais il faut dire que je l’ai eu facile jusqu’ici : mon premier job à la sortie de l’université m’a été offert par mon directeur de mémoire. Depuis, c’est roue libre et je navigue au petit bonheur la chance. J’ai débuté dans ce centre de recherche en rédigeant des articles semi-académiques quand je le sentais tout en étant payé confortablement qu’importe ma productivité. Ensuite, j’ai perçu un changement dans mes aspirations et me suis intéressé à la communication. j’ai bifurqué dans cette direction. Trois ans plus tard, toujours au même endroit, le constat que mon parcours est celui d’une monstre de Frankenstein mal suturé. C’est à ce moment que j’ai choisi de quitter mon emploi et de rassembler toutes les parties de moi éparpillées un peu partout dans ce capharnaüm qu’est le quotidien.
Et voilà où l’on commence ensemble. Parce que les pièce éparpillées… elles sont toujours éparpillées. Ce n’est pas de temps dont j’ai besoin mais d’une structure claire. Donc ensemble, si vous le voulez bien, on va définir la suite. On va mettre en place un brouillon de ce que je dois faire et surtout suivre les progrès de toutes ces étapes. Voyez cela comme un livre ouvert. Un livre de ma vie.
Affectueusement,
Jordane